Barbara Mason, the first Philly Girl!
Rétrospective/Chronique

Au nord est des Etats-Unis, entre New York et Washington D.C. se trouve Philadelphie, qu'on nomme communément Philly. Un peu comme à Detroit ou à Memphis, la ville de Philadelphie comptera au cours des années soixante de nombreux acteurs qui participeront ensemble à créer un style particulier à la musique soul et qu'on nommera par la suite Philly Soul. Malheureusement si les artistes des années soixante-dix ont souvent eu droit à une reconnaissance internationale, en témoigne le succès planétaire de Billy Paul, ceux des années-soixante sont encore aujourd'hui négligés. Barbara Mason est de ces acteurs qui ont servi à construire la réputation de cette musique et, elle n'est pas des moindres puisque plusieurs livres citerait en première référence son tube Yes, i'm ready, aussi titre de son premier LP, simplement essentiel.

A la différence de ses nombreuses compères féminines, Barbara n'est pas qu'une grande chanteuse puisqu'elle compose la plupart de ses morceaux et sa dès son plus jeune âge. La carrière de la jeune fille débute officiellement à sa douzième année, alors que sa grand-mère lui apprend le piano elle forme plusieurs groupes vocaux en compagnie de membres masculins et féminins. C'est elle qui chante en avant du groupe et qui naturellement accompagne celui-ci au piano avec ses propres compositions, ce qui leur permettra de gagner plusie
urs concours musicaux locaux.

Elle est également voisine avec Bill oxygene, membre des Larks, une formation masculine locale et populaire. C'est grâce à cette rencontre qu'elle va effectuer ses premiers pas en tant que professionnelle. Weldon Arthur McDougal III, aussi membre des Larks lui proposera de jouer aux intervalles des prestations de son groupe dans différents nightclubs de la ville et de ses alentours. Mais c'est surtout en la présentant à Jimmy Bishop, qui est à l'époque l'un des djs les plus populaires de la ville que va débuter l'ascension de la chanteuse. Impressionné par sa voix innocente et facilement identifiable, il financera son premier disque, Trouble Child, naturellement accompagné des Larks et composé par elle-même sur une petite étiquette locale, Crusader. L'expérience sera renouvelée mais cette fois-ci en compagnie des Tiffanys.

Après ces deux premiers efforts, Jimmy Bishop la fait signer sur sa propre marque, Arctic, distribuée par le groupe Jamie/Guyden. Son premier single et deuxième référence du label, est une nouvelle composition de Barbara, Girls Have Feelings Too accompagné de Come to me, enregistré en 1964 et sorti au début de l'année 1965 est encourageant, la jeune fille se place à la 32 ème place des charts américains. Son second disque, Yes i'm ready est un véritable succès. Placé à la deuxième place des charts R&B et à la cinquième place des charts POP, le titre est aujourd'hui considéré par beaucoup comme le début de la Philly Soul. En effet si certaines écuries comme Swann ont connu des succès auparavant, c'est grâce à cette composition, d'une jeune fille de 18 ans que va se créer un véritable courant. La chanteuse cite elle-même Brenda & the Tabulations, les Delfonics, les Stylistics ou Blue Magic, car malgré leurs différentes maisons de disques, tous utilisaient les mêmes musiciens. Même Kenny Gamble, célèbre par la suite au côté de Léon Huff pour avoir formé le Philadelphia International Records et avoir produits de nombreux disques avec notamment Billy Paul, les O'Jays ou encore Patti Labelle, a posé sa voix pour les choeurs de Yes, I'm Ready.

Le succès étant au rendez-vous son premier disque Trouble Child sera réédité la même année chez Charger tandis que Arctic publiera une des nouvelles compositions de Barbara, Sad, sad, girl avec à nouveau son très bon Come to me en face B. Nouvelle réussite, puisque le disque, qui rappel sensiblement la précédente publication, atteind
ra la 12 ème place des charts R&B. Un dernier single sera tiré de son LP Yes, i'm ready, sorti la même année en première référence LP de la maison Arctic, You got what it takes et sa face B inédite If You Don't (Love Me, Tell Me So). Ce dernier est un peu différent puisque ce coup-ci ne sera pas marqué par l'écriture de la jeune fille, mais par celle du président de la Motown, Berry Gordy. C'est une interprétation très personnelle, mais aussi très réussie. Autre reprise de la maison Motown dans cet LP, une composition du trio Holand/ Dozier/ Holland, Come see about me, ainsi que plusieurs classiques comme Moon River de Mancini ainsi qu'une interprétation agréablement dynamique du Misty de Eroll Garner. Le reste de l'album contient une reprise de chris Kenner, Something you got, notamment interprété par Chuck Jackson & Maxine brown, le reste est composé de compositions de la jeune fille dont Trouble child, une nouvelle fois.

Par la suite la chanteuse obtiendra encore quelques succès avec de nouvelles compositions dont I need love et surtout Oh, how it hurts qui donnera le nom à son nouvel LP, toujours chez Arctic en 1968. Celui-ci sera à nouveau composé de titres de la jeune fille et encore une fois de reprise dont plusieurs sortis à l'origine chez Motown. Le disque est réussit tout comme ses prochains EP pour Arctic jusqu'en 1969, mais le vrai classique restera son premier LP, Yes i'm ready. Au début des années soixante-dix, la chanteuse toujours accompagnée de Jimmy Bishop sera déplacé sur National General avant d'être placé sur Buddah où elle travaillera notamment avec Curtis Mayfield. Sa soul évoluera comme la plupart des productions vers le funk et même si celle-ci conservera son timbre particulier on ne retrouvera plus cette soul si délicieuse du milieu des années-soixante, s'orientant de plus en plus vers des productions plus sophistiquées et beaucoup moins innocentes.



5 commentaires:

  1. Encore un bon article.

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  2. Julien Le Shaman10 août 2010 à 13:36

    Jocelyn tu as fait un travail d'orfèvre ! Complet, les photos sont belles, y a du téléchargement ! Sublime !

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  3. J'avais complètement oublié cet album. Merci mille fois pour les souvenirs. ...Joe

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