This is Northern Soul!

Tammi Terrell, entre ciel et terre

chronique

Au début de l'année 1962 la jeune Tammi Montgommery devient la vedette féminine de la James Brown Revue. Vivant une idylle avec son auteur, elle enregistrera aussi un morceau qu'il lui écrira et produira, I Cry. Cette relation qui prendra son terme l'année suivante verra la starlette remplacée par Anna King, une chanteuse au fort timbre plus en accord avec la revue. Tammi chantera alors pour Wand, une filiale de Scepter réputée pour ses enregistrements de Soul féminine élégante et délicate et ou Dionne Warwick et les Shirelles saurons briller, laissant dans l'ombre Tammi ou encore Maxine Brown et Nella Dodds. Elle passera alors sur Checker, une filiale de Chess pour un obscur 45 tours avant d'être recrutée en 1965 par Harvey Fuqua pour Motown.

Si elle sera l'une de ses plus jolies chanteuses, elle sera aussi l'une de ses meilleures interprètes. Essentiellement connue pour ses duos au côtés de Marvin Gaye avec qui elle enregistra trois albums dont United en 1966, ou l'on retrouve le très populaire Ain't No Montain Hight, repris et élevé au rang de classique en 1971 par Diana Ross, Tammi Terrell pu aussi jouir d'une certaine notoriété en solo, notamment grâce à son unique LP, Irrésistible, publié officiellement en 1968. Si le texte de Ed Ochs (journaliste pour Billboard) placé au dos du disque vante la beauté et le chant de la jeune fille de 22 ans, il ne parle pas en réalité des complications liés à l'enregistrement du disque. On apprend alors que Tammi, malade, est incapable d'enregistrer convenablement son album. Les producteurs Harvey Fuqua et Johnny Bristol courent alors à l'échec commercial. La Motown prend donc la décision d'assembler d'anciens singles comme I Can't Believe With You et Come On And See Me Baby (qui fût à l'origine enregistré en duo avec Marvin) et un certain nombre de reprises, pratique courante dans cette maison, ou souvent un morceau est enregistré par plusieurs groupes et interprètes afin de sortir en 45 tours la meilleure version. Même si certains morceaux datent parfois de deux ans, le son n'a que très peu vieillit. La musique est toujours assuré par les Funk Brothers et les chœurs principalement par les Andantes et les Spinners. On compte d'ailleurs une reprise de ce groupe masculin, That's what girls are made for, transformé en That's what boys are made for. Pour le reste, des pistes doublées avec la voix de Marvin Gaye comme sur I Can't believe you love me et Hold Me, Oh My Darling qui avait été enregistrées afin d'apparaitre sur chacun des albums solo des deux artistes. Seul un single sortira en 1969, une reprise des Isley Brothers, "This Old Heart Of Mine" et se classera à la soixante septième place des charts, alors que l'originale, également enregistré sur Motown deux ans plus tôt se plaça à la douzième place dans les classements pop.

Malgré tout les désagréments liés à la maladie, qui s'avère être une tumeur au cerveau et emportera la jeune fille deux ans plus tard, l'album est excellent. On retrouve tout les ingrédients du succès commercial de la maison de disque au cours des années soixante. A savoir la collaboration entre ses musiciens (Funk Brothers), ses choristes (Andantes), ses producteurs (Harvey Fuqua, Johnny Bristol), et bien sur de ses compositeurs (Holand/Dozier/Holand, Harvey Fuqua, Smokey Robinson...).

En 1970 la jeune étoile de 25 ans décède, si celle-ci ne brille plus aux côtés de ses contemporains, sa mort prématurée servira à construire sa légende, lui épargnant le mauvais gout des années à venir dont la Motown ne fût pas toujours épargnée.