Bobby Hebb est mort
Actualité/rétrospective

L'auteur et interprète du tristement célèbre Sunny, vient de décéder le 3 Août dernier à l'âge de 72 ans des suites d'un cancer, dans le Tennessee, à Nashville, sa ville natale. L'occasion pour nous de revenir sur sa vie et surtout sur son chef d'oeuvre, l'album Sunny, parut en 1966 chez Phillips, filiale de Mercury.

Avant de produire son disque coup de poing, Bobby Hebb est déjà un professionnel. Originaire d'une famille d'artistes, il commence son apprentissage très tôt dans différents clubs et apprendra notamment à jouer de plusieurs instru
ments. Il rejoint Chicago au milieu des années cinquante et joue dans différentes formations dont celle de BO Diddley, musicien pour Chess Records. Après son service militaire il enregistre en 1958 une version de Night train to menphis sous son propre nom, titre populaire de Owen Bradley, puis quitte Nashville pour New York. L'évènement le plus marquant de cette période sera surement sa collaboration avec Sylvia, du duo Mickey & Sylvia. Mickey partit pour Paris, Bobby le remplacera pendant deux ans dès 1961 et le couple deviendra légitimement Bobby & Sylvia. Par la suite il écrira plusieurs morceaux dont son plus grand succès, Sunny. L'histoire de ce titre est atypique. Le chanteur le composera la nuit suivant l'assassinat de son frère, mort lors d'un combat à la sortie d'un nightclub, un jour après l'assassinat du président Kennedy. Cependant il devra attendre trois ans pour que son morceau devienne un succès. Comme d'autres artistes Américains tels Mary Wells ou les Ronettes, Bobby Hebb doit en partie sa renommée internationale aux Beatles, qui le temps d'une tournée l'avaient engagés afin d'assurer leur première partie.

Dans la foulée paraitra son premier LP, Sunny, produit par Jer
ry Ross et arrangé par Joe Renzetti. L'album comporte douze titres dont trois composés par son interprète. Le titre éponyme bien sur ainsi que les très soul Yes or no maybe not et Crazy baby accompagné de choeurs féminins. Avec le titre A satisfied mind, Bobby Hebb obtient un nouveau succès cette même année en entrant une seconde fois dans le top 40. Il faudra attendre l'année 1971 pour qu'il y rentre de nouveau avec Natural Man composé pour Lou Rawls. Si l'album est de qualité c'est en partie du aux efforts de son producteur Jerry Ross à qui l'on doit notamment l'excellent premier single, love, love, love ainsi que sa face B, Bread, qui avec ses claps et ses choeurs féminins assure au disque un caractère plus northern soul que le reste de l'album. On doit également à Ross le très beau You Don't Know What You've Got Until You Lose It co-écrit avec Gamble, du duo de compositeur Gamble & Huff à qui l'ont doit des titres de Candy & the Kisses, Dee Dee Warwick ou encore de nombreux artistes signés chez Atlantic. Un dernier morceau est notable, le populaire Good good lovin' écrit par Mann & Cynthia Weil', duo célèbre pour avoir fournit de nombreux titres au producteur Phil Spector.

Si la production ainsi que les compositions assure au travail de Bobby Hebb un caractère populaire mais surtout international, ce qui n'était pas si fréquent pour un disque de rythme & blues, c'est avant tout pour son titre éponyme. L'engouement autour de Sunny dépassera même certaines barrières musicales et raciales, du jazz d'Ella Fitzgerald ou de Duke Ellington jusqu'à la pop de Georgie Fame et de Cher (repris la même année que Bobby Hebb), ou encore du disco de Bonney M mais aussi de
son propre interprète en 1976. Ce caractère international est aussi peut-être du à la promotion de l'album (tournée incluse) par une grande maison comme Phillips/Mercury et à cette pochette qui affiche une ravissante jeune fille blanche excluant l'image de son interprète afro-américain. Une pratique qui n'était pas nouvelle, exploité des les débuts de la Motown, mais qu'ont aurait pu espérer disparaitre en ce milieu d'année soixante.

Si aujourd'hui Bobby Hebb nous a quitté, sa place dans l'histoire du rythme & blues, et surtout dans celle de la musique populaire semble assurée tant par ses compositions que par ses enregistrements. Mais c'est surtout pour son titre Sunny qui est encore reprit de nombreuses fois quarante ans après son premier enregistrement et toujours aussi diffusé sur les radios et dans les pires émissions de divertissement.




5 commentaires:

  1. Comme dab, bon sujet et album, avec une préférence pour le "you don't know what you got.." et le "For you".
    Amitiés

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  2. Je pense que ma préférence se porte sur love, love, love, je ne résiste pas aux claps ;) mais j'avoue que you don't know what you got until you lose it est aussi une chanson que j'adore.

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  3. Great album.
    Thank you for sharing this gem with us :)

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  4. Vu que je ne suis pas calée dans le domaine, je vais me contenter de te féliciter sur ton style d'écriture qui est vraiment agréable à lire ! A bientôt Jocelyne !
    Alison

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